lundi 21 décembre 2009

Le monde change, les femmes changent, on veut changer les lycées. Très bien, mais est-ce que cette réforme se fait en faveur des femmes ?

Au coeur de la démarche, l'économie en personnels. Le moyen principal ? Le "socle commun" permettant de placer dans la même classe les matheux et les bons en langues ou en lettres, les "grosses têtes" et les élèves en échec scolaire, ceux-là même qui n'ont pas trouvé de place ne lycée professionnel. Si les classes étaient à 15 élèves, il n'y aurait pas de problème, la pédagogie différenciée permet de travailler au plus près des besoins. Mais dans des classes de 38 élèves, la seule pédagogie possible est celle qui parle à toutes et à tous en même temps de la même chose. Donc des élèves qui perdent leur temps parce qu'ils ne comprennent rien ou savent déjà et qui veillent à s'occuper autrement, par exemple en perturbant les cours.

Alors les filles ? Les filles "ça se démerde" tout seul : elles écoutent le cours, mais n'en profitent que s'il correspond bien à leur niveau, n'osent pas demander de l'aide, n'osent pas se plaindre des perturbations des garçons, pensent souvent qu'elles sont moins bonnes qu'elles ne le sont en réalité. Elles bénéficient de moins de soutien familial (souvent même elles concilient travail ménager de la maison avec leurs études et n'ont plus le temps d'avoir des loisirs). Seules les filles des familles de milieu socio-culturel élevé s'en sortiront : leurs parents les protègeront en les scolarisant dans le privé. Mais le privé c'est essentiellement des écoles gérées par des religieux. Pensez-vous que les positions actuelles du pape soient compatibles avec le féminisme ? Pensez-vous que ces filles en sortiront conscientes de leur valeur réelle et non avec pour idéal de vivre au travers de leur mari et de leurs enfants - des garçons- qu'elles lui feront et éduqueront ?

La réforme des lycées, c'est un retour en arrière, c'est un abandon des filles.

Pour aller plus loin :

Françoise Héritier : Les hommes et les femmes seront égaux un jour peut-être. Sciences et avenir de juin 2009, n°748

Marie Duru-Bellat : Ecole de garçons et école de fille. Ville Ecole Intégration n°138, sept 2004 (CNDP)

Enquête "STAR" sur la relation entre effectifs de classe et réussite des élèves : le site (en anglais, c'est une expérience américaine), et son résumé par Nico Hirt sur le site de Sud éducation.