lundi 10 janvier 2011

Pub de la RATP

La RATP nous a proposé une belle affiche rose (Visuel ICI) sur la place réservée aux poussettes dans les transports en commun. Rose, l'affiche, parce que c'est la couleur des filles, c'est aussi celle des Barbies, l'icone que les hommes ont créé pour donner le bon exemple aux petites filles. C'est aussi la couleur que certains attribuent aux gays. C'est donc une affiche qui s'adresse surtout aux femmes et aux hommes qui osent se comporter "comme une femme"...

Les femmes sont majoritaires dans les transports en commun. Eh oui, lorsqu'une seule voiture est disponible, c'est monsieur qui se l'attribue, et madame qui prend le métro. Plus encore, ce sont elles qui déposent et "récupèrent" BB à la crèche au début et à la fin de leur journée de travail.  On pourrait donc penser que les sociétés de transports en tiennent compte, en particulier dans leurs études sur la réponse aux besoins des usagers. Mais c'est le mot "usager" dont se préoccupe la RATP, les usagères, il ne connait pas, ou plutôt, il connait, elles empêchent les usagers de profiter tranquillement. C'est vrai quoi, les poussettes forment un mur lorsqu'ils veulent mettre la main aux fesses des femmes !



Une lettre a été adressée par JV Placé d'EELV au président  de la RATP. Pas de prise en compte du sexisme de l'affiche. Peut mieux faire !

Pierre MONGIN
Président
RATP
 
 
Paris, le 30 novembre 2010
 
 
Monsieur le Président,
 
 
J’ai découvert la nouvelle campagne de communication de la RATP, « Partageons plus, partageons le bus ». Cette opération veut rappeler à nos concitoyens et concitoyennes quelques règles élémentaires de savoir-vivre dans les transports en commun, comme céder sa place aux personnes âgées ou aux femmes enceintes. Je suis globalement en accord avec la nécessité de sensibiliser les usagers à quelques réflexes civils dans notre métro et nos bus.
 
Cependant, je tenais à vous faire part de ma désapprobation quant au message véhiculé par l’une de ces affiches. Intitulée « On a beau adorer les bébés, avec les poussettes, il ne faut pas pousser », cette affiche décrit un cadre enjambant trois poussettes, mêlant à quelques clichés une situation que l’on peut juger plutôt caricaturale.
 
Il est plus que regrettable d’amalgamer les parents ayant fait le choix des transports en commun aux usagers irrespectueux, qui refusent de céder leur place aux personnes prioritaires ou parlent fort au téléphone. Vous conviendrez que se déplacer en bus avec un enfant, fut-il en poussette, n’a rien d’un comportement incivique.
 
Il est par ailleurs faux d’imaginer que l’on puisse sortir son enfant de la poussette - éventuellement en le réveillant -, la replier, puis monter dans le bus avec à la fois la poussette, l’enfant et ses sacs dans les bras.
 
Enfin, j’estime qu’il ne faut pas opposer les usagers les uns aux autres, lorsqu’ils sont victimes d’une offre inadaptée à leurs besoins. Car le problème se situe là : les bus sont bondés, poussettes ou pas. Nous devons renforcer l’offre de bus pour en faire de véritables « métros de surface » et proposer une offre de qualité à toutes et tous, parents compris. C’est la raison pour laquelle la Région Ile-de-France s’engage depuis plusieurs années sur un grand plan de rattrapage sur l’offre nouvelle et la rénovation du matériel roulant.
 
Je vous demande par conséquent de bien vouloir retirer cette affiche qui, selon moi, peut heurter la sensibilité en culpabilisant certains usagers et n’améliorer en rien le quotidien des Franciliennes et Franciliens.
 
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées.
 
 
 
 
Jean-Vincent PLACE                                                                        
Vice-Président de la Région Ile-de-France                                         
Délégué aux transports et mobilités                                                    

Les 35h remises en cause

On remet encore la question des 35h sur le tapis. On nous parle de "réalisme" et de "vérité". J'ai bien envie de savoir ce qu'on peut bien entendre par ces mots :

Le réalisme et la vérité des heures de travail de la majorité des français c'est quoi ? Tout d'abord, l'ATLIF nous explique que le travail, c'est une " Activité humaine exigeant un effort soutenu, qui vise à la modification des éléments naturels, à la création et/ou à la production de nouvelles choses, de nouvelles idées". Si on en croit l'INSEE et cette définition du travail, il faut ajouter aux 35h théoriques du temps complet des employés les 28 heures de travail ménager non rémunérés. Comment, ce ne sont pas tous les travailleurs qui font ces 28 heures ? Je suis tout à fait d'accord avec vous, ce n'est que de la majorité de la population (rappel, les femmes sont majoritaires en France) qui réalise en moyenne 35h de travail ménager. Ces 28 heures ne sont que le travail ménager des femmes qui sont employées à temps complet. Il est vrai qu'elles ne sont pas majoritaires dans les emplois à temps complet même si elles voudraient bien y accéder.

On peut d'ailleurs douter que les promoteurs de l'augmentation du temps de travail fassent partie de ces personnes qui ajoutent  28 heures par semaine de travail ménager à leur mandat. Lorsqu'ils rentrent chez eux c'est généralement après le passage des aides ménagères (rémunérées au smic, rarement à temps complet et dont les charges sociales sont encore payées par nos impôts) et/ou celui de leur femme (non rémunérée).

On pourrait rajouter à l'ATLIF les définitions suivantes concernant le mot "travail" :
- travail féminin : Travail destiné aux soins à la personne, le plus souvent non rémunéré et n'ouvrant pas droit à cotisations pour maladie et retraite. Lorsqu'il n'est pas destiné au service de la famille, travail le plus souvent faiblement rémunéré et précaire, employeur souvent aidé par l'Etat.
- travail féminin : souvent utilisé pour "prostitution"et justifié par une satisfaction des besoins masculins, même aux dépends de l'intégrité des femmes
- travail féminin : en passe d'être utilisé pour "gestation pour autrui" justifiée par l'utilisation du corps des femmes permettre à tous les hommes de se reproduire à l'identique. (Voir les ouvrages de Françoise Héritier).

C'est lorsqu'on entend parler nos hommes politiques qu'on peut constater le gouffre qui existe entre la majorité de la population de notre pays et ceux qui prétendent à la gouverner : Ils feraient bien de commencer par laver leur linge avant de se présenter devant nous nous donner des leçons sur le "réalisme" et la "vérité" du monde du travail !

lundi 21 décembre 2009

Le monde change, les femmes changent, on veut changer les lycées. Très bien, mais est-ce que cette réforme se fait en faveur des femmes ?

Au coeur de la démarche, l'économie en personnels. Le moyen principal ? Le "socle commun" permettant de placer dans la même classe les matheux et les bons en langues ou en lettres, les "grosses têtes" et les élèves en échec scolaire, ceux-là même qui n'ont pas trouvé de place ne lycée professionnel. Si les classes étaient à 15 élèves, il n'y aurait pas de problème, la pédagogie différenciée permet de travailler au plus près des besoins. Mais dans des classes de 38 élèves, la seule pédagogie possible est celle qui parle à toutes et à tous en même temps de la même chose. Donc des élèves qui perdent leur temps parce qu'ils ne comprennent rien ou savent déjà et qui veillent à s'occuper autrement, par exemple en perturbant les cours.

Alors les filles ? Les filles "ça se démerde" tout seul : elles écoutent le cours, mais n'en profitent que s'il correspond bien à leur niveau, n'osent pas demander de l'aide, n'osent pas se plaindre des perturbations des garçons, pensent souvent qu'elles sont moins bonnes qu'elles ne le sont en réalité. Elles bénéficient de moins de soutien familial (souvent même elles concilient travail ménager de la maison avec leurs études et n'ont plus le temps d'avoir des loisirs). Seules les filles des familles de milieu socio-culturel élevé s'en sortiront : leurs parents les protègeront en les scolarisant dans le privé. Mais le privé c'est essentiellement des écoles gérées par des religieux. Pensez-vous que les positions actuelles du pape soient compatibles avec le féminisme ? Pensez-vous que ces filles en sortiront conscientes de leur valeur réelle et non avec pour idéal de vivre au travers de leur mari et de leurs enfants - des garçons- qu'elles lui feront et éduqueront ?

La réforme des lycées, c'est un retour en arrière, c'est un abandon des filles.

Pour aller plus loin :

Françoise Héritier : Les hommes et les femmes seront égaux un jour peut-être. Sciences et avenir de juin 2009, n°748

Marie Duru-Bellat : Ecole de garçons et école de fille. Ville Ecole Intégration n°138, sept 2004 (CNDP)

Enquête "STAR" sur la relation entre effectifs de classe et réussite des élèves : le site (en anglais, c'est une expérience américaine), et son résumé par Nico Hirt sur le site de Sud éducation.